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Herbes de rues, mauvaises ?

Boulevard Edgar Quinet, Paris, juin 2018 – liseron et autres plantes spontanées.

Les « mauvaises herbes », c’est sale !

Il n’est aujourd’hui plus surprenant pour les habitants des grandes villes, comme Paris, de rencontrer des « mauvaises herbes » sur les trottoirs. Mais souvenons-nous, il n’y a pas si longtemps il en était bien autrement. Les mairies auraient reçu les plaintes des administrés scandalisés d’un tel état de malpropreté. Et d’ailleurs c’est toujours un peu le cas dans certaines villes et petites villes françaises, malgré les efforts de sensibilisation et les lois en vigueur.

Pour contrer les idées reçues et faire accepter les herbes sur nos trottoirs, il a fallu expliquer les choses : la dangerosité des désherbants et autres produits chimiques, pour nous, pour nos enfants, pour nos animaux de compagnie… Et la pollution des eaux qu’ils génèrent, en particulier avec les surfaces imperméabilisées des villes qui les conduisent très vite aux rivières.

Et il a fallu aussi réapprendre à regarder les herbes et les fleurs spontanées qui poussent dans les interstices de nos bétons et asphaltes. Des actions comme Sauvages de ma rue, un programme conduit par le Museum national d’histoire naturelle et Tela Botanica, y ont contribué.

Mais surtout, la réglementation a changé. Le plan Ecophyto, destiné à réduire l’emploi des pesticides, et la loi Labbé, ont interdit l’usage des produits phytosanitaires dans les espaces publics, dont les désherbants, à partir du 1er janvier 2017.

A l’exception des produits de biocontrôle, utilisable en agriculture biologique, à faibles risques, il est interdit d’utiliser des produits phytopharmaceutiques sur la voirie.
Loi Labbé, au 1er janvier 2017
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Un certain nombre d’espaces étaient sous régime dérogatoire jusqu’au 1er janvier 2020, notamment les terrains de sport et les cimetières. Mais certaines villes avaient fait le choix d’en arrêter les désherbages et traitements chimiques nocifs avant même la date prescrite par la loi.

Cimetière du Montparnasse, Paris, juin 2018 – cette allée était auparavant désherbée chimiquement et l’herbe revient aussi entre les tombes.

Autre avantage, les arbres s’en portent mieux ! Et on peut même y voir un jeune chêne magnifique, plein d’avenir, pousser sur une tombe. Un arbre probablement semé par les oiseaux, comme disaient les anciens qui ajoutaient qu’ils étaient toujours les plus beaux et les plus résistants.

Jeune chêne spontané, cimetière du Montparnasse, Paris, mai 2023.

La non imperméabilisation et l’enherbement des pieds des arbres en ville leur est très bénéfique.

La paysagiste toulousaine Héloïse Pau regrettait cet hiver qu’il n’en soit pas de même à Toulouse.

Nous avons peut-être encore du chemin à faire pour accepter vraiment la nature en ville…

Et que dire de ce qui se passe dans nos campagnes ! Il nous faudra parler aussi des épareuses (les outils à broyer talus et bas-côtés) qui entretiennent nos bords de route, souvent avec un peu trop de zèle, au détriment des haies et des jeunes arbres qui ne demandent qu’à pousser. Nous en parlerons dans la rubrique « arbres et haies » à propos de la régénération naturelle qui est un procédé tout aussi efficace, voire plus, que les plantations pour reconstituer des linéaires de haies dans nos campagnes, notamment en bordure de voirie.

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