Avez-vous déjà ressenti de la nostalgie pour un lieu où vous n’êtes jamais allé ?
Il y a quelques temps, en regardant une vidéo du groupe norvégien Wardruna, j’ai découvert beaucoup de belles choses écrites dans les commentaires. Rassemblés par cette musique qui prend au cœur, les gens partagent volontiers des souvenirs et des émotions. C’est au milieu de ces messages qu’est apparue cette phrase intrigante :
« I feel homesick for a place I’ve never been to ».
« J’ai le mal du pays pour un endroit où je ne suis jamais allé. »
L’auteur de ce commentaire, qui reprend une citation de l’écrivaine Judith Thruman, explique que la chanson de Wardruna le fait se sentir à la fois fier et nostalgique d’un pays avec lequel il n’a pourtant aucun lien. J’ai moi-même déjà fait l’expérience de ce « mal du pays » pour des lieux où je n’ai jamais mis les pieds, mais ce n’est qu’à la lecture de ce commentaire – liké à ce jour plus de 11 000 fois – que j’ai réalisé qu’il s’agit d’un sentiment partagé par de très nombreuses personnes. Il existe même un mot allemand pour le définir : « Fernweh« , de fern (« loin, lointain ») et de Weh (« douleur, mal »).
“Every dreamer knows that it is entirely possible to be homesick for a place you’ve never been to, perhaps more homesick than for familiar ground.”
Judith Thurman
« Tous les rêveurs savent qu’il est tout à fait possible d’avoir le mal du pays pour un endroit où l’on n’est jamais allé, peut-être même plus que pour un lieu familier. »
Les paysages qui nous provoquent ce sentiment peuvent être, bien sûr, très différents d’une personne à l’autre. Malgré tout, certains lieux reviennent régulièrement dans les réponses de ceux que l’on interroge à ce sujet. À titre d’exemple, le magazine web Atlas Obscura a consacré un article au concept du Fernweh et présenté les endroits pour lesquels ses lecteurs éprouvent le plus de nostalgie, bien qu’ils ne s’y soient jamais rendus. Parmi eux, les pays comme l’Islande, l’Irlande et l’Ecosse ont particulièrement la cote. Sont aussi cités : l’Australie la Nouvelle Zélande, Cap Code, l’Angleterre… Peut-on y voir un lien avec le fait qu’il s’agisse le plus souvent de grandes destinations touristiques offrant des paysages qui parlent à nos imaginaires ?
Ces trois pays arrivent en tête de liste des destinations pour lesquelles les lecteurs de Terra Obscura éprouvent de la nostalgie. Sauriez vous les reconnaitre à leurs paysages ?
Pour d’autres personne le choix se porte sur des lieux du passé, aux ambiances fantasmées comme le Londres de l’époque victorienne que beaucoup aurait aimé connaître. Enfin, les paysages de fictions tirés de la littérature – parmi lesquelles beaucoup d’œuvres de fantasy sont citées – de films ou de jeux vidéos ne sont pas en reste et occupent une large part des réponses obtenues dans le sondage.
« Obviously I can’t visit The Shire but I first read Lord of The Rings in 2000 and I was immediately struck by a weird sense of familiarity when reading. It’s so welcoming and there’s a great sense of community. It almost feels like a childhood neighborhood that I made a lot of memories in. The movies only intensified the feeling. Even now, 18 years later, I feel a weird homesickness for it. »
Beth Yoakem | source, Terra Obscura
« Évidemment, je ne peux pas visiter la Comté, mais j’ai lu le Seigneur des Anneaux pour la première fois en 2000 et j’ai immédiatement été frappé par un étrange sentiment de familiarité. […] Les films n’ont fait qu’intensifier ce sentiment. Même maintenant, 18 ans plus tard, j’en ressens un étrange mal du pays. »
Chacun de ces lieux pourrait faire l’objet d’un article à part entière, tant il y aurait de choses à dire sur le rôle de nos imaginaires sur la perception des paysages et nos pratiques touristiques. Mais d’abord, dites nous à votre tour quel est le paysage dont vous rêvez en secret ?
Voir aussi :
Feeling homesick for a place you’ve never been, Terra Obscura, 2018
“Fernweh”: A Farsickness or Longing for Unseen Places, Natural Habitats Adventures, 2018